• Chapitre II: Partie 1

     

     Si vous n'avez pas lu le début de cette fiction (l'Héritier des Dieux), ne lisez pas cet article. Le début de la fiction est ici.

     

       Nanor se souvenait de la douleur qu'il avait ressentie, poignante et vive. Il souffrait toujours mais moins. D'un pas autrefois sûr, il se rendit vers les murs. Ses hommes luttaient toujours, il devait les aider. Ces mots il se le répétait sans cesse, c’était presque une obsession. Il n'y avait plus aucun vivant ici, seulement les morts et quelques agonisants. La violence de cette bataille sera racontée dans des chansons durant des siècles. Mais seulement Nanor espérait que ces chansons raconteraient la bravoure de la Résistance pas comment elle avait été terrassée. En face de lui un long et étroit escalier montait dans le cœur de la tour. Il mit le pied sur la première marche. L'ascension commença. Il devait les aider, qu'importe le prix à payer.

     

    *

       Rien sauf la douleur lui revenait. Elle revenait lui infligeant de nouveaux tourments telle un fléau insidieux. La souffrance le plaquait au sol, il bougeait vainement au sol comme un gibier agonisant. Tout était si flou alors que la douleur était si claire. Il sentit ses pieds quittaient le sol.Il essaya d'ouvrir les yeux. Il y avait trop de lumière, ses yeux le brûlaient. Il toussa en crachant son sang. Une voix parvint à ses oreilles, mais il ne la comprit pas, juste un seul mot « piètre ». C'était une voix froide et cinglante, elle avait quelque chose d'inhumain. A l'entendre on avait envie de fuir. Une main heurta sa joue, réveillant ses sens. Il voyait... En face de lui, un homme le plaquait contre un mur. Sûrement celui d’une maison. Le visage de son agresseur laissait présager son expérience mais aussi sa force, le juste milieu entre jeunesse et vieillesse. Il était tout à fait normal si on ne regardait pas ses yeux. Mais ses yeux captaient toute l'attention. Pour Nanor ils ne représentaient rien qu’il connaissait, ils ne faisaient qu’inspirer la peur.

    - Mes plus sincères salutations, Nanor, chef de la Résistance, commença l'homme.

    Nanor ne répondit pas, il n'en voyait pas l’intérêt, il n'en avait même pas la force. Ses sens étaient encore engourdis.

    - Vous êtes bien pâle, mon ami. Je me présente... Enfin c'est assez compliqué, on m'appelle de maintes manières : Pourfendeur de chair, Mangeur d'Homme, Dragon Volcanique... Moi personnellement j'aime bien le sobriquet d’Être Obscur.

    Le chef de la Résistance comprit son apparence d'Hybride alors qu’un frisson traversa son dos. C'était un Dragon. Pourtant en face de lui se tenait un simple homme. On lui avait déjà dit que les Dragons pouvaient prendre forme humaine mais il n’y avait jamais cru.

    - Derrière moi... Regarde à gauche... Voilà ! Tu l'as déjà rencontré : Dolcrine,

    Héritier de l'Ombre. A côté de lui Kalhen, Héritier de la Nuit et général de mes armées.

       Il disait vrai, il y avait bien Dolcrine et ce Kalhen. L'Héritier de l'Ombre avait le teint encore plus livide qu'à l'ordinaire, un bandage crasseux lui entourait la taille. Une tâche rouge se dessinait là où son javelot l’avait atteint. Difficile de savoir ses émotions, ses yeux noirs effaçaient toute trace d'humanité. Kalhen était l'homme avec qui le chef de la Résistance avait parlementé avant de débuter la bataille. Et à terre il y avait Tahran et Shake attachés par des cordes de brumes.

    - Allez, jouons. Battez-vous contre moi, déclara l’Être Obscur.

       Nanor tomba à terre, Kalhen lui lança sa lame, qu'il attrapa d'une main hésitante. Les liens de Tahran et Shake se brisèrent, ils se redressèrent et s'emparèrent de leurs épées tombées au sol. Tous trois se concertèrent du regard. Ils n’avaient pas le choix après tout. Tahran se rua vers le Dragon Volcanique. Ce dernier l’attendait, ses pieds fermement plantés dans le sol. Il avait dégainé des haches richement forgées, une gueule de dragon ornait le haut du manche de chacune d'elle. Au dernier instant Tahran s'envola laissant la hache de l’Être Obscur trancher l'air. Au moment où le Résistant allait faire basculer son ennemi un trait de flamme le heurta de plein fouet. Il tomba au sol dans un bruit sourd. Avant que Nanor et Shake ne puissent réagir, le Dragon Volcanique empoigna le corps de Tahran comme s’il ne pesait rien.  Il le lança contre le mur d'une maison comme on jetait un objet trop usé. Son corps heurta le mur dans une violence létale. Un bruit d’os qui se brise se rependit dans l’air. Son meurtrier se contenta de sourire légèrement sans même jeter un coup d’œil à son corps.

        Voyant le corps de son frère gisant au sol, les yeux de Shake s'allumèrent d'une lueur entre rage et soif de vengeance. Ses deux épées en main il bondit sur le meurtrier de son frère. Ses deux lames décrivirent une courbe pour frapper les flancs de l’Être Obscur. A l'instant où les haches de son ennemi allez dévier les épées de Shake, ce dernier lâcha ses armes et empoigna l'assassin de Tahran de ses propres mains. Il le plaqua au sol et cracha sur le visage de celui qui était désormais l'homme qu'il devait tuer. Alors que Shake s’apprêtait à frapper de toute sa rage le Dragon Volcanique, ce dernier attrapa sa jambe et l’envoya à terre comme son frère. Tout cela avait était si rapide, Nanor avait eu seulement le temps de se rapprocher du combat. Mais maintenant ses deux amis étaient à terre et son ennemi était debout et s'approchait de lui d'un pas lent.  Désespérément il tenta d’envoyer une vague de Lumière frappait l’Être Obscur. Mais celle-ci disparut dans les flammes. Le Dragon Volcanique était désormais devant lui. Il tenta désespérément de l'atteindre au thorax, mais sa lame fut envoyée quelques mètres plus loin. Quelques pas derrière lui, il y avait le vide ainsi qu’une chute d'une trentaine de mètres. Il avait peur.

       Shake s'était relevé et scrutait la scène, le regard teinté d'effroi. Il allait perdre la dernière personne chère à ses yeux. Un jour de bataille était toujours un jour triste et de mort, mais aucune de celles auxquelles il avait participé n'avait vu la perte d’autant de ses amis. Il voyait une seule solution. Trop suicidaire. C'était la seule possibilité qui s'offrait à lui, pourtant. Au moins l’un deux survivra. Il courut vers eux. 

       Nanor aperçût Shake se relevait derrière l’Être Obscur. Lui au moins pouvait survivre. Il devait fuir. La même voix froide et cinglante revint à ses oreilles :

    - Vu les rumeurs à votre sujet, je vous imaginais digne de me combattre.

    - Les rumeurs vous ont fait plus grand.

    Le Chef de la Résistance tentait de cacher le frisson qui parcourait tout son corps à chaque fois qu’il entendait cette voix. Il était terrifié et impuissant et il ne le supportait pas. Le Dragon s’approcha d’un pas, Nanor sentait son souffle contre sa peau.

    - Quand je suis Dragon, je dépasse vos murs.

    Il s’apprêtait à répliquer quand il vit Shake s’approcher d’eux. Il devait sauver sa vie tant qu’il le pouvait. À chaque il accélérait. Il ne pouvait pas crier, le Dragon Volcanique ne devait pas le voir. Il courrait maintenant et droit vers eux. Qu’est-ce qu’il faisait au nom de tous les Dieux !

    - Shake ! Non, fuit !

    Son cri ne connût aucune réponse. Même pas un regard ou un sourire désolé. Shake continuait sa course, plus qu’un pas. Autrefois jamais une once de tristesse n’avait teinté l’âme de l’Hybride. Il avait toujours su faire face aux pertes et à la mort. La guerre les brisait. Il passa devant le meurtrier de son frère, ne lui accordant aucun regard. Son regard était dirigé vers Nanor, et son regard était voilé par des larmes de rages et de tristesse. Shake poussa Nanor dans le vide. Tout simplement. Alors que ses pieds se dérobèrent, il entendit Shake murmurer « Désolé ». Il tombait.

     

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