• Poèmes

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    Au port d’Athènes, comment c’était dur de se dire qu’on ne s’aimait plus.

    On avait beau marcher dans les rues bondées, on avait beau prendre les vieilles romaines. Nos cœurs ne marchaient plus, ni nos peaux ne se prenaient ; elles ne prenaient guère que le soleil d’hiver d’Athènes. Triste tourisme.

    Tes bras tordus contre ma nuque ne comprenaient pas encore que c’était fini, et mes lèvres gercés désiraient toujours – par habitude j’imagine – t’embrasser. Nous nous étions fait quelques souvenirs auxquels penser la nuit venue, de quoi faire des ballades à se chanter ou à se pleurer ; ça dépend de la lune.

    Mon amour, nous étions des vagues. À emporter les tristesses et les rêves des hommes. À arracher quelques larmes au regard des autres. Avec toi, comme j’aimais me déchirer ne suffit qu’un temps, un jour il faut se briser. Alors brisons-nous comme nous nous sommes brisés tant de fois sur la plage. Que la race humaine garde notre écume et qu’elle la boive comme elle aime boire le sang de ses martyrs.

    Loin de l’Acropole, loin de la gloire de Périclès, je te quitte ma vieille. Les ruines d’ici ont des millénaires, mais toi tu ne vivras pas jusqu’à la prochaine semaine. Si tu veux aimer un autre après moi, laisse ton âme d’aujourd’hui aux rats et aux chiens. Et si un jour se reverrait, à Athènes ou à Compiègne, regarde-moi comme tu regarderais l’amour d’une nuit. On sera des étrangers. Puisqu’il ne restera de nous que le souvenir et un corps vieilli.

    Mais si je pleure ce soir, sur le port d’Athènes, ne crois pas que je t’aime encore. Je ne te pleurerai plus désormais. J’ai aimé l’homme que j’ai pu être avec toi, mais je ne t’ai guère aimé, Ô mon amour. Si je pleure, c’est que je ne veux pas me dire adieu.


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  • J’en peux plus de ce putain de lycée
    Je vais finir un jour par me casser
    Mais ouais je sais je le dis tout le temps
    Mais tu vois faut bien tuer le temps
    Au fond des classes, des couloirs, des cours
    Faut bien penser un peu à voir le jour

    Je suis un vampire au fond de la salle
    Je pense plus qu’à me faire la malle
    Qu’à sucer le sang de la liberté
    Je veux saigner nos printemps majestés
    Me sentir seigneur de Transylvanie
    S’il y a là-bas un peu de vie

    Seigneur des ombres puis seigneur des morts
    Pour espérer que mon cœur batte encore
    C’est la règle pour vivre faut mourir
    Puis pour s’ouvrir faut se faire souffrir
    Tant mieux puisque moi je meurs chaque jour
    Quand j’entends le tocsin sonner les cours

    Mais moi je rêve, je suis Dracula
    Et loin de tes bras, je suis Attila
    Faut que je voie brûler la terre
    Dans les yeux des filles que je conquiers
    Mais désolé si j’ai le goût du sang
    Et plus le goût à aimer en passant

    Ouais je sais je délire, je m’évade
    Mais dans mon cœur, tu vois, c’est l’escalade
    Toujours plus de deuil et de Bataclan
    Toujours plus d’absent et de faux-semblants
    Plus de noyés dans les cours des lycées
    Plus d’échoués sans jamais d’odyssée

    Mais putain dis-moi c’est quoi cette école
    Ces antidépresseurs au goût d’alcool
    Pour inonder des yeux toujours plus vides
    Putain c’est un lycée ou Atlantide
    On dirait un cimetière d’épave
    Avec ces petites bouches qui savent

    Mais les vampires savent pas nager
    Alors en cours je fais de la plongée
    Pourtant j’étais fait pour voler je crois
    Pour me traîner loin de leurs chemins de croix
    Mais ce monde m’a arraché les ailes
    Pour que je corresponde à son modèle

    Je suis un ange déchu, Dracula
    Je crois un poète de ce temps-là
    Mais moi je fais pas de la poésie
    J’essaye de calmer la frénésie
    Des vagues battantes à ces cils tremblants
    Puisque mes yeux ont bien trop fait semblant

    Je pense à ça dans la cour du lycée
    Je me dis que je voudrais me casser
    Qu’au milieu de cette armée de noyé
    Dracula, pour sûr, se serait se taillé
    Puisqu’il est seigneur de Transylvanie
    Et qu’il aurait dû demeurer banni


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    La vodka dans le sang et le sang au sol au milieu des tessons de verres
    Si on appelle ça jeunesse, si nous n'avons que la nuit pour messe
    Crois-moi je n'ai que le blanc de tes hanches où je me confesse
    Et quand on se laisse il me reste encore le fond de mon verre
    Et de temps en temps le corps des autres femmes pour escale
    Puisqu'on aime tant s'arrêter au port puisque c'est le temps des bals

    Si on appelle ça jeunesse, si on jette nos fidélités au feu
    Si on se ment à s'en oublier, à ne plus sentir les salières à nos yeux
    S'ils disent qu'il n'y a rien de mieux que nous deux ensemble
    Et que l'on vient à se briser dans ce qui nous assemble
    Si nous deux on ne se lit que sur le bord d'un lit ou d'un canapé
    Si les draps défaits sont la seule preuve qu'on s'est aimé

    Si on appelle ça jeunesse, la bouche en canard, l'air débile
    Perdu sur nos téléphones à s'avaler des ondes, à se rendre stérile
    Nos petites histoires de couple étalés en pleurs sur les réseaux
    En petit post, reposté, partagé, tweeté si tu me follow
    Si on appelle ça jeunesse, nos corps aimés par le monde entier
    Et nos nus bloqués dans des banques de données pour l'éternité

    Si on appelle ça jeunesse, laisse-moi tenter le bout du monde
    Laisse-moi un coin de terre pour que les peines se morfondent
    Laisse-moi la Sibérie, le Sahara ou les neiges du Tibet
    Pour y entendre chanter le concerto de l’oiseau liberté
    Pour y écrire des poésies qui ne seraient pas seulement poings levés
    Mais aussi les vers d’un homme qui a su trouver comment rêver


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  • Ça ce finit ici dans la terre meuble

    Alors ça ce finit sous le ciel aveugle

    Et putain qu'est-ce que j'envie les cieux

    Tu vois j'aimerai bien perdre la vue comme eux

    Ne plus rien sentir des vagues salées à mes yeux

    Ne plus rien voir de ton corps gisant sur la rosée

    Oublier mes mains portant ton corps au ciel

    Oublier mes mains sur le bois pour te porter en terre

    À frapper la terre pour frapper Hadès je crois

    À frapper la terre pour cracher à la face du monde

    Puisque même le soleil veut venir à se lever

    Mais je ne veux que la nuit pour étreindre la plaine

    Et si c'est le noir pour le monde, si c'est le zénith pour ma peine

    Alors tu vois moi je vais rester là dans la brume avec toi

    À pleurer, l'écume aux paupières, là devant des bouts de toi

    Mais je t'ai gardé Freyja, je te garderai tu sais

    Je veux croire que ta mémoire dansent encore dans les bras du vent

    Et que de la terre jusqu'au ciel, de Gaïa à Ouranos, il y a toi

    Puisqu'il y a ton nom au plus profond de cette planche de bois

    Puisque là-haut il y a une ombre blanche pour habiller la lune

    Et que jusqu'à l'Éther tes yeux rendent le ciel plus bleu

    Alors Freya tu as quitté ce monde corps et biens, je sais

    Mais il reste bien ton souvenir pour faire tourner mon monde entier

     

    03/10/2018


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    Il y a quelque chose de changé en moi
    Je n'arrive pas à savoir quoi ni pourquoi
    Un calme plat même au plus profond de mes veines
    Une sensation, je crois, inscrite dans mes gènes
    La géosmine embrasant la brume, j'inspire
    Et j'expire en souvenir de mes désirs

    Il y a quelque chose à l'ombre de mes cils
    Pourtant mes peines et mes chaînes sont en exil
    Alors ces larmes de joie seront la rosée
    Et la lumière des aurores étoilées
    Je veux voir le monde briller de mille feux
    Comme une supernova gravée dans mes yeux
    Je veux que son souffle balaye ma rancœur
    Et je veux connaître ce goût teinté d'ailleurs

    Il y a quelque chose au creux de mes poumons
    Comme l'air frais d'été balançant les lampions
    Le goût de l'oxygène assagi par la pluie
    Et les vents boréales emportés par minuit
    Je respire, vivre est une drogue forte
    J'inspire, alors l'euphorie des sens m'emporte
    J'expire, toxicomane accro à l'enjeu
    Sourire est une porte ouverte sur les cieux
    Alors je monte au ciel, souriant sans décence
    La clameur du purgatoire embrume mes sens

    Je sais ce qui erre sur les quais de mon cœur
    Les débarcadères baignés dans la vapeur
    Le chant des locomotives sculpte le vent
    Et le vent forge la couleur des sentiments
    Blanc lunaire comme la neige juvénile
    Bleu électrique des cieux à l'éclat fragile
    Et j'aime les mirages, la chaleur du goudron
    Les feuilles mortes, les premières floraisons
    J'aime l'odeur des néons, la couleur de l'asphalte
    La blancheur de l'ivoire, l'éclat du cobalt
    J'ai l'âme légère, ma chair, mon cœur sont libres
    Ma conscience comme une forme d’équilibre

     


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    J'entends chaque note qui résonne
    Je sens la raison qui m'abandonne
    J'écoute les murs lassés qui vibrent
    Je le sais je ne suis que trop libre
    Je suis désormais sans plus d'attache
    Rien que je ne lâche ou me détache
    Une étoile seule dans le noir
    Noyée dans les larmes, le désespoir
    J'en ai chacune et toutes les peines
    Chaque peur d'hier, toutes les joies vaines
    J'en ai tous sauf le céleste éclat
    Plus personne ne brille si bas
    Et encore les notes résonnent
    Pendant que mon envie m'abandonne
    Reviennent des brides de mémoire
    Brisant encore mes morts espoirs
    Je ne sais même plus si je tombe
    Si inlassablement je succombe
    Puisque je ne veux même pas mourir
    Je ne veux ni sourires, ni rires
    Seulement le néant et ma peine
    Sans plus de morphine dans les veines
    Je veux ressentir cette douleur
    Replonger dans mes pleurs, mon malheur
    Et encore les rires résonnent
    Alors que mes éclats m'abandonnent
    Je lui ai donné toute mon âme
    Maintenant j'y retrouve une lame
    Et je saigne jusqu'à ne plus comprendre
    Que je pouvais encore l'attendre
    Tout mon cœur ne lui a pas suffi
    Il lui fallait peut-être ma vie
    Ma vie qui prend goût à cet abîme
    Où tout mon corps et mon cœur s’abîment
    Puisqu'elle était seulement un rêve
    Juste une ange à la beauté sans trêve
    Maintenant le silence résonne
    Enlaçant ma vie qui m'abandonne

    Note : C'est un vieux poème que j'ai retrouvé il n'y a pas longtemps, je tiens à le préciser car il ne reflète pas du tout mon état d'esprit actuel et que je n'ai pas envie que vous vous inquiétez pour moi (je m'adresse à mes proches qui pourraient lire ce poème)


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    La bruit de la ville comme le chant du vent

    Les pavés désertés sous des lueurs d'antan

    Les rues dans une aura d'ocre et de grès blafard

    À peine l'éclat des cafés et des bars

    J'ai jamais aimé les sourires de façades

    Les attentions surfaites et les rires un peu fades

    Je veux des mots honnêtes et que l'on s'ouvre l'âme

    Nous deux, en tête à tête sur le macadam

    La vérité telle qu'elle est, nos cœurs comme ils sont

    Voir poème : Pensées vagabondes


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    Cœur serré et sourire sincère

    Les yeux lourds mais l'âme légère

    Laisse-moi rester encore un peu

    Te dire aurevoir sans dire adieu

    Laisser s'effeuiller les souvenirs

    Et faner les amours sans soupir

    Pluie diluvienne et ciel immaculé

    Parapluie d'ébène et peau cuivrée

    Alors mon cœur danse à contre-temps

    Comme les flots à contre-courant

    Ma conscience est lâche et lâche prise

    Mes sentiments s'attachent et s'enlisent

    Laisse-moi rester encore un peu

    Je ne veux pas qu'on se dise adieu

    J'ai l'âme paisible à tes côtés

    Et mon cœur persiste à tes chevets


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    Uranus,

    Ton blizzard creuse ma peau en sillon de chair

    En crevasses déchirant mes nerfs, mes artères

    Ma conscience voudrait fuir, pouvoir oublier

    Mais mes os veulent désespérément rester

    Dans ce vent, m'enlevant tout sauf mes souvenirs

    Ce vent qui n'emporte pas son foutu sourire

    Pourquoi ma volonté devient-elle si blême ?

    Pourquoi plus je la vois sourire, plus je l'aime

    Et plus je l'aime, plus je veux la voir sourire ?

    Je ne voulais plus aimer pour ne plus souffrir

    Mais déjà mon cœur lâche prise et se défile

    Déjà mon âme s'aventure sur le fil

    Sur une crête entre deux ravins de douleur

    Un chemin entre les hémisphères de mon cœur

    Mais tant de ponts de neiges sur des gouffres traîtres

    Ce sentier m'apprendra à mourir ou à naître

    Les filets de sang qui s'écoulent de mes plaies

    Gèlent à la lisière de ma peau violacée

    Les larmes sur mes paupières encore ouvertes

    Cristallisent à l'orée de  mon sourire inerte

    Comme des éclats de verre contre mes joues

    Comme des lames de rasoir contre mon cou

    Mon corps est un cimetière couvert de sang

    La où tu aurais pu graver tes sentiments

    L'épiderme est une gangrène décadente

    Où tu aurais pu poser tes lèvres brûlantes

    Tu sais, il y a vingt-sept lunes dans ce ciel

    Et j'ai tant souffert pour une lueur si frêle

    Mais je ne crois pas que l'Amour soit quantifiable

    Je désire seulement qu'il soit périssable


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    Bleue,

    C'est un brun baiser entre le ciel et la terre

    L'union fébrile du cosmos et de la mer

    Les étoiles filantes enlacées à l'écume

    Et le bleu de mes larmes quand je l'inhume

    L'azur des cieux étreignant les diamants d'Hadès

    Le paradis et l'enfer dans une promesse

    Comme le serment des gentianes pour toujours

    À nos beaux jours, à nos tristes jours, à l'Amour

    L'Amour fleur bleue à l'eau des roses bleutés

    À l'eau de ces roses et à l'encre de l'été

    Bleue a signée sur un papier blanc comme neige

    Elle a promis de lier en un seul arpège

    Les mers, les cieux, nos veines comme une harmonique

    Même bleu de la Vieille Europe aux Amériques

    Même bleu de ce bas-monde à l'Éther diurne

    Même bleu du sang noble qui salit nos urnes

    Bleu horizon dans la boue, le sang de Verdun

    Bleu pétrole des montagnes dans le lointain

    Bleu pastel comme l'écho au fond de ses yeux

    L'azur des cieux, les diamants d'Hadès, ses yeux bleus

     

    Voir poème : Blanc


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